Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: I. PREMIERS SOUVENIRS
Quelqu’un peut-il préciser avec exactitude le moment de son existence où, pour la première fois, s’est élevé en lui le sentiment du « moi », la première lueur d’une vie consciente ? Je voudrais le savoir, car pour moi cela m’est impossible. Quand je recherche, pour les classer, mes premiers souvenirs, j’obtiens invariablement le même résultat : ces souvenirs semblent se disperser de-vant moi. Voici une première impression dont la trace, me semble-t-il, est restée distincte dans ma mémoire, — mais si j’y arrête quelque temps ma pensée, d’autres im-pressions, remontant à des époques antérieures, s’en dé-gagent et en ressortent aussitôt. Je ne distingue même plus l’impression réellement éprouvée par moi, c’est-à-dire réellement « mienne », de celles qui résultent de ré-cits entendus dans mon enfance, et que je m’imagine avoir ressenties, alors, qu’en réalité, je me rappelle seu-lement les récits qu’on m’en a faits. Je n’arrive même jamais à évoquer aucune de ces impressions primitives dans toute sa netteté, et sans y mêler involontairement un détail étranger, au moment même où ma pensée se concentre sur ce souvenir.
Description:
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: I. PREMIERS SOUVENIRS
Quelqu’un peut-il préciser avec exactitude le moment de son existence où, pour la première fois, s’est élevé en lui le sentiment du « moi », la première lueur d’une vie consciente ? Je voudrais le savoir, car pour moi cela m’est impossible. Quand je recherche, pour les classer, mes premiers souvenirs, j’obtiens invariablement le même résultat : ces souvenirs semblent se disperser de-vant moi. Voici une première impression dont la trace, me semble-t-il, est restée distincte dans ma mémoire, — mais si j’y arrête quelque temps ma pensée, d’autres im-pressions, remontant à des époques antérieures, s’en dé-gagent et en ressortent aussitôt. Je ne distingue même plus l’impression réellement éprouvée par moi, c’est-à-dire réellement « mienne », de celles qui résultent de ré-cits entendus dans mon enfance, et que je m’imagine avoir ressenties, alors, qu’en réalité, je me rappelle seu-lement les récits qu’on m’en a faits. Je n’arrive même jamais à évoquer aucune de ces impressions primitives dans toute sa netteté, et sans y mêler involontairement un détail étranger, au moment même où ma pensée se concentre sur ce souvenir.