Nos écrivains commettent tous la même faute : ils dépensent trop
d'argent. Ai-je besoin d'ajouter : sur le papier seulement !Suivez un de
leurs héros dans ses pérégrinations à travers dix pages. Pour
l'ordinaire, il n'a ni état, ni emploi lucratif ; cependant il loge dans
les meilleurs hôtels, il fait la plus exquise chère et fume les plus
fins cigares ; il n'a guère moins d'un ducat à la main pour les
mendiants qui le sollicitent, et comme pourboire il ne donne que de
l'or. Veut-il faire une course à cheval par une nuit sombre, un vaillant
coursier est toujours à son service. Il va aux bains de mer ; il voyage
en Italie, et, après avoir ainsi vécu pendant neuf pages d'une vie
prodigue, il trouve encore, à la dixième, une somme suffisante pour se
précipiter dans le tourbillon des plaisirs, à seule fin d'oublier la
perfidie de sa maîtresse et pour noyer ses tristes souvenirs dans des
flots de champagne, pour faire bombance, tapage et s'abrutir dans les
orgies... Comme je viens de le dire, nos écrivains ne connaissent pas la
valeur de l'argent !Les sommes un peu modérées sont tout à fait en
dédain chez eux. Les appointements dont ils parlent sont toujours de
quelques millions, sinon au dernier minimum de quelque quarante à
soixante mille francs... Ils n'osent pas descendre au-dessous.
Quelqu'un, parmi vous, a-t-il jamais lu, par exemple, qu'Arthur touchait
quatre-vingt-dix francs par mois ?À cette première faute s'en ajoute
une autre.En dessinant leurs personnages, nos écrivains laissent
toujours de côté un trait essentiel.
Description:
Nos écrivains commettent tous la même faute : ils dépensent trop d'argent. Ai-je besoin d'ajouter : sur le papier seulement !Suivez un de leurs héros dans ses pérégrinations à travers dix pages. Pour l'ordinaire, il n'a ni état, ni emploi lucratif ; cependant il loge dans les meilleurs hôtels, il fait la plus exquise chère et fume les plus fins cigares ; il n'a guère moins d'un ducat à la main pour les mendiants qui le sollicitent, et comme pourboire il ne donne que de l'or. Veut-il faire une course à cheval par une nuit sombre, un vaillant coursier est toujours à son service. Il va aux bains de mer ; il voyage en Italie, et, après avoir ainsi vécu pendant neuf pages d'une vie prodigue, il trouve encore, à la dixième, une somme suffisante pour se précipiter dans le tourbillon des plaisirs, à seule fin d'oublier la perfidie de sa maîtresse et pour noyer ses tristes souvenirs dans des flots de champagne, pour faire bombance, tapage et s'abrutir dans les orgies... Comme je viens de le dire, nos écrivains ne connaissent pas la valeur de l'argent !Les sommes un peu modérées sont tout à fait en dédain chez eux. Les appointements dont ils parlent sont toujours de quelques millions, sinon au dernier minimum de quelque quarante à soixante mille francs... Ils n'osent pas descendre au-dessous. Quelqu'un, parmi vous, a-t-il jamais lu, par exemple, qu'Arthur touchait quatre-vingt-dix francs par mois ?À cette première faute s'en ajoute une autre.En dessinant leurs personnages, nos écrivains laissent toujours de côté un trait essentiel.