Dorian Gray est un jeune homme d'une très grande beauté. Son ami artiste
peintre Basil Hallward est obsédé par cette dernière et en tire toute
son inspiration. Sa fascination pour le jeune homme le mène à faire son
portrait, qui se révèle être la plus belle ?uvre qu'il ait jamais
peinte, et qu'il ne souhaite pas exposer : « J'y ai mis trop de moi-même
».Dorian va faire la connaissance de Lord Henry, dit Harry, un ami de
Basil. Conscient de la fascination et de la perversion que ce dernier
pourrait avoir pour son idéal de beauté, « cette nature simple et belle
», Basil demande à Lord Henry de ne pas tenter de le corrompre. Mais
Dorian se laisse séduire par les théories sur la jeunesse et le plaisir
de ce nouvel ami qui le révèle à lui-même en le flattant : « Un nouvel
hédonisme [?] Vous pourriez en être le symbole visible. Avec votre
personnalité, il n'y a rien que vous ne puissiez faire ». Va naître dès
lors en lui une profonde jalousie à l'égard de son propre portrait peint
par Basil Hallward. Il souhaite que le tableau vieillisse à sa place
pour que lui, Dorian Gray, garde toujours sa beauté d'adolescent. « Si
le tableau pouvait changer tandis que je resterais ce que je suis !
».Extrait:L'atelier était plein de l'odeur puissante des roses, et quand
une légère brise d'été souffla parmi les arbres du jardin, il vint par
la porte ouverte, la senteur lourde des lilas et le parfum plus subtil
des églantiers.D'un coin du divan fait de sacs persans sur lequel il
était étendu, fumant, selon sa coutume, d'innombrables cigarettes, lord
Henry Wotton pouvait tout juste apercevoir le rayonnement des douces
fleurs couleur de miel d'un aubour dont les tremblantes branches
semblaient à peine pouvoir supporter le poids d'une aussi flamboyante
splendeur ; et de temps à autre, les ombres fantastiques des oiseaux
fuyants passaient sur les longs rideaux de tussor tendus devant la large
fenêtre, produisant une sorte d'effet japonais momentané, le faisant
penser à ces peintres de Tokio à la figure de jade pallide, qui, par le
moyen d'un art nécessairement immobile, tentent d'exprimer le sens de la
vitesse et du mouvement. Le murmure monotone des abeilles cherchant
leur chemin dans les longues herbes non fauchées ou voltigeant autour
des poudreuses baies dorées d'un chèvrefeuille isolé, faisait plus
oppressant encore ce grand calme. Le sourd grondement de Londres
semblait comme la note bourdonnante d'un orgue éloigné.Au milieu de la
chambre sur un chevalet droit, s'érigeait le portrait grandeur naturelle
d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté, et en face, était assis,
un peu plus loin, le peintre lui-même, Basil Hallward, dont la
disparition soudaine quelques années auparavant, avait causé un grand
émoi public et donné naissance à tant de conjectures.Comme le peintre
regardait la gracieuse et charmante figure que son art avait si
subtilement reproduite, un sourire de plaisir passa sur sa face et parut
s'y attarder. Mais il tressaillit soudain, et fermant les yeux, mit les
doigts sur ses paupières comme s'il eût voulu emprisonner dans son
cerveau quelque étrange rêve dont il eût craint de se réveiller.? Ceci
est votre meilleure ?uvre, Basil, la meilleure chose que vous ayez
jamais faite, dit lord Henry languissamment. Il faut l'envoyer l'année
prochaine à l'exposition Grosvenor. L'Académie est trop grande et trop
vulgaire. Chaque fois que j'y suis allé, il y avait là tant de monde
qu'il m'a été impossible de voir les tableaux, ce qui était
épouvantable, ou tant de tableaux que je n'ai pu y voir le monde, ce qui
était encore plus horrible. Grosvenor est encore le seul endroit
convenable...? Je ne crois pas que j'enverrai ceci quelque part,
répondit le peintre en rejetant la tête de cette singulière façon qui
faisait se moquer de lui ses amis d'Oxford. Non, je n'enverrai ceci
nulle part.Lord Henry leva les yeux, le regardant avec étonnement à
travers les minces spirales de fumée bleue qui...
Description:
Dorian Gray est un jeune homme d'une très grande beauté. Son ami artiste peintre Basil Hallward est obsédé par cette dernière et en tire toute son inspiration. Sa fascination pour le jeune homme le mène à faire son portrait, qui se révèle être la plus belle ?uvre qu'il ait jamais peinte, et qu'il ne souhaite pas exposer : « J'y ai mis trop de moi-même ».Dorian va faire la connaissance de Lord Henry, dit Harry, un ami de Basil. Conscient de la fascination et de la perversion que ce dernier pourrait avoir pour son idéal de beauté, « cette nature simple et belle », Basil demande à Lord Henry de ne pas tenter de le corrompre. Mais Dorian se laisse séduire par les théories sur la jeunesse et le plaisir de ce nouvel ami qui le révèle à lui-même en le flattant : « Un nouvel hédonisme [?] Vous pourriez en être le symbole visible. Avec votre personnalité, il n'y a rien que vous ne puissiez faire ». Va naître dès lors en lui une profonde jalousie à l'égard de son propre portrait peint par Basil Hallward. Il souhaite que le tableau vieillisse à sa place pour que lui, Dorian Gray, garde toujours sa beauté d'adolescent. « Si le tableau pouvait changer tandis que je resterais ce que je suis ! ».Extrait:L'atelier était plein de l'odeur puissante des roses, et quand une légère brise d'été souffla parmi les arbres du jardin, il vint par la porte ouverte, la senteur lourde des lilas et le parfum plus subtil des églantiers.D'un coin du divan fait de sacs persans sur lequel il était étendu, fumant, selon sa coutume, d'innombrables cigarettes, lord Henry Wotton pouvait tout juste apercevoir le rayonnement des douces fleurs couleur de miel d'un aubour dont les tremblantes branches semblaient à peine pouvoir supporter le poids d'une aussi flamboyante splendeur ; et de temps à autre, les ombres fantastiques des oiseaux fuyants passaient sur les longs rideaux de tussor tendus devant la large fenêtre, produisant une sorte d'effet japonais momentané, le faisant penser à ces peintres de Tokio à la figure de jade pallide, qui, par le moyen d'un art nécessairement immobile, tentent d'exprimer le sens de la vitesse et du mouvement. Le murmure monotone des abeilles cherchant leur chemin dans les longues herbes non fauchées ou voltigeant autour des poudreuses baies dorées d'un chèvrefeuille isolé, faisait plus oppressant encore ce grand calme. Le sourd grondement de Londres semblait comme la note bourdonnante d'un orgue éloigné.Au milieu de la chambre sur un chevalet droit, s'érigeait le portrait grandeur naturelle d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté, et en face, était assis, un peu plus loin, le peintre lui-même, Basil Hallward, dont la disparition soudaine quelques années auparavant, avait causé un grand émoi public et donné naissance à tant de conjectures.Comme le peintre regardait la gracieuse et charmante figure que son art avait si subtilement reproduite, un sourire de plaisir passa sur sa face et parut s'y attarder. Mais il tressaillit soudain, et fermant les yeux, mit les doigts sur ses paupières comme s'il eût voulu emprisonner dans son cerveau quelque étrange rêve dont il eût craint de se réveiller.? Ceci est votre meilleure ?uvre, Basil, la meilleure chose que vous ayez jamais faite, dit lord Henry languissamment. Il faut l'envoyer l'année prochaine à l'exposition Grosvenor. L'Académie est trop grande et trop vulgaire. Chaque fois que j'y suis allé, il y avait là tant de monde qu'il m'a été impossible de voir les tableaux, ce qui était épouvantable, ou tant de tableaux que je n'ai pu y voir le monde, ce qui était encore plus horrible. Grosvenor est encore le seul endroit convenable...? Je ne crois pas que j'enverrai ceci quelque part, répondit le peintre en rejetant la tête de cette singulière façon qui faisait se moquer de lui ses amis d'Oxford. Non, je n'enverrai ceci nulle part.Lord Henry leva les yeux, le regardant avec étonnement à travers les minces spirales de fumée bleue qui...