Pour qui sonne le glas ? Pour le
roman. C'est en tout cas le diagnostic un chouia cafardeux d'un Frédéric
Beigbeder qu'on n'imaginait pas si mélancolique, qui voit dans
l'avènement annoncé de la lecture sur tablette ou sur écran, et son
corollaire, la fin du livre papier, la condamnation à disparaître du
genre romanesque lui-même. La thèse se discute, mais là n'est pas le
propos de ce Premier Bilan après l'Apocalypse, pour lequel Beigbeder a exhumé de sa bibliothèque les « cent œuvres qu'il souhaite conserver au XXIe siècle »
- cent œuvres, notons-le au passage, du XXe siècle et archi
majoritairement françaises ou anglo-saxonnes, comme si, déjà,
l'Apocalypse avait commencé sa sale besogne en engloutissant les romans
des siècles antérieurs et les littératures russe, japonaise,
allemande...
A ce genre de jeu, la règle veut que l'on ne soit jamais d'accord
avec le choix des autres. Inutile donc de s'agacer sur la cote très
surévaluée de tel auteur, l'absence honteuse de tel autre ! Le panthéon
peu académique ici dressé, en toute subjectivité, par Beigbeder ne vaut
certes que pour lui-même, mais il procure néanmoins à celui qui s'y
penche une saine cure d'enthousiasme.
Décomplexés, parfois légers ou frôlant la mauvaise foi, jamais
poseurs, ces cent exercices critiques révèlent peut-être un lecteur« autodidacte et dispersé »,tel qu'il s'autodéfinit - mais quel serait donc, en la matière, le CV idéal qui invaliderait celui-ci ?
Le 17/09/2011 - Mise à jour le 18/09/2013 à 17h46 Nathalie Crom - Telerama n° 3218
Description:
Premier Bilan après l'Apocalypse
Frédéric Beigbeder
Pour qui sonne le glas ? Pour le roman. C'est en tout cas le diagnostic un chouia cafardeux d'un Frédéric Beigbeder qu'on n'imaginait pas si mélancolique, qui voit dans l'avènement annoncé de la lecture sur tablette ou sur écran, et son corollaire, la fin du livre papier, la condamnation à disparaître du genre romanesque lui-même. La thèse se discute, mais là n'est pas le propos de ce Premier Bilan après l'Apocalypse, pour lequel Beigbeder a exhumé de sa bibliothèque les « cent œuvres qu'il souhaite conserver au XXIe siècle » - cent œuvres, notons-le au passage, du XXe siècle et archi majoritairement françaises ou anglo-saxonnes, comme si, déjà, l'Apocalypse avait commencé sa sale besogne en engloutissant les romans des siècles antérieurs et les littératures russe, japonaise, allemande...
A ce genre de jeu, la règle veut que l'on ne soit jamais d'accord avec le choix des autres. Inutile donc de s'agacer sur la cote très surévaluée de tel auteur, l'absence honteuse de tel autre ! Le panthéon peu académique ici dressé, en toute subjectivité, par Beigbeder ne vaut certes que pour lui-même, mais il procure néanmoins à celui qui s'y penche une saine cure d'enthousiasme.
Décomplexés, parfois légers ou frôlant la mauvaise foi, jamais poseurs, ces cent exercices critiques révèlent peut-être un lecteur « autodidacte et dispersé », tel qu'il s'autodéfinit - mais quel serait donc, en la matière, le CV idéal qui invaliderait celui-ci ?
Le 17/09/2011 - Mise à jour le 18/09/2013 à 17h46
Nathalie Crom - Telerama n° 3218