Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait:Constantin-Mikailovitch Stanioukovitch, né en 1844, avait été destiné de bonne heure par son père, amiral de la marine russe, à embrasser la profession de marin. Mais après avoir navigué pendant quelques années, entraîné par sa passion pour la littérature, il quitta le service malgré la résistance de son père.
Il écrivit dans nombre de journaux, principalement dans l’Œuvre, où furent publiés quelques-uns de ses romans et nouvelles. Il tint pendant longtemps au journal le feuilleton sous le titre de : Esquisses de la vie publique, signées : Un écrivain sincère. En 1882, le journal passa sous la direction de Stanioukovitch, mais ensuite de la publication de quelques épigrammes politiques, le journal fut suspendu en 1884 et son rédacteur en chef jeté en prison. En 1885, Stanioukovitch fut exilé en Sibérie par mesure administrative; il passa trois années dans la ville de Tomsk. À l’expiration de sa peine, il vécut pendant deux ans à l’étranger, notamment à Paris, où il fit, entre autres connaissances littéraires, celle de Pierre Loti, qui paraît avoir conçu une grande estime pour l’écrivain russe.
Les Récits maritimes, écrits en exil, ont été publiés en 1888, à Saint-Pétersbourg, sous la double signature de Stanioukovitch et de Kostine, pseudonyme sous lequel ont paru quelques-unes de ses œuvres. (Note du traducteur.)
I.
La chaleur étouffante d’une journée des tropiques commençait à devenir moins pesante, le soleil descendait avec lenteur vers l’horizon.
Poussé par une légère brise, le croiseur, portant toute sa toile, glissait sans bruit sur l’océan Atlantique en filant ses huit nœuds. À l’horizon, pas une voile, pas un nuage de fumée ; partout la mer immense avec ses vagues légèrement ondulées, avec son bruit de houle mystérieuse ; partout la mer, surmontée de la coupole sans nuage d’un ciel transparent, bleu foncé.
L’air était doux et limpide ; de salubres effluves marins montaient de l’océan.
Partout la solitude et le silence !
Cependant, parfois, aux rayons du soleil viennent luire, comme un éclair, les brillantes écailles dorées d’un poisson volant ; haut dans le ciel passe un albatros aux blanches ailes ; rasant l’eau dans son vol agité, un pétrel se hâte vers les lointains rivages de l’Afrique ; parfois encore, on entend le bruit du jet d’eau lancé par une baleine ; puis, de nouveau, la solitude et le silence qu’aucune créature vivante ne vient troubler. Rien que le ciel et l’océan, l’océan et le ciel, tous deux paisibles, pleins de caresses et de sourires.
— Votre Honneur veut-il nous permettre de chanter quelques chansons ? vint demander le sous-officier de quart à l’officier de service qui se promenait lentement sur la passerelle.
D’un signe de tête, celui-ci accorda la permission demandée ; quelques instants après s’élevait du milieu de l’océan un air populaire de village au chant large et mélancolique.
Heureux de sentir la fraîcheur du soir venir remplacer l’accablante chaleur du jour, les matelots, après avoir rangé les canons de côté, se réunissent en foule sur l’avant pour entendre les chanteurs.
Description:
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait:Constantin-Mikailovitch Stanioukovitch, né en 1844, avait été destiné de bonne heure par son père, amiral de la marine russe, à embrasser la profession de marin. Mais après avoir navigué pendant quelques années, entraîné par sa passion pour la littérature, il quitta le service malgré la résistance de son père.
Il écrivit dans nombre de journaux, principalement dans l’Œuvre, où furent publiés quelques-uns de ses romans et nouvelles. Il tint pendant longtemps au journal le feuilleton sous le titre de : Esquisses de la vie publique, signées : Un écrivain sincère. En 1882, le journal passa sous la direction de Stanioukovitch, mais ensuite de la publication de quelques épigrammes politiques, le journal fut suspendu en 1884 et son rédacteur en chef jeté en prison. En 1885, Stanioukovitch fut exilé en Sibérie par mesure administrative; il passa trois années dans la ville de Tomsk. À l’expiration de sa peine, il vécut pendant deux ans à l’étranger, notamment à Paris, où il fit, entre autres connaissances littéraires, celle de Pierre Loti, qui paraît avoir conçu une grande estime pour l’écrivain russe.
Les Récits maritimes, écrits en exil, ont été publiés en 1888, à Saint-Pétersbourg, sous la double signature de Stanioukovitch et de Kostine, pseudonyme sous lequel ont paru quelques-unes de ses œuvres. (Note du traducteur.)
I.
La chaleur étouffante d’une journée des tropiques commençait à devenir moins pesante, le soleil descendait avec lenteur vers l’horizon.
Poussé par une légère brise, le croiseur, portant toute sa toile, glissait sans bruit sur l’océan Atlantique en filant ses huit nœuds. À l’horizon, pas une voile, pas un nuage de fumée ; partout la mer immense avec ses vagues légèrement ondulées, avec son bruit de houle mystérieuse ; partout la mer, surmontée de la coupole sans nuage d’un ciel transparent, bleu foncé.
L’air était doux et limpide ; de salubres effluves marins montaient de l’océan.
Partout la solitude et le silence !
Cependant, parfois, aux rayons du soleil viennent luire, comme un éclair, les brillantes écailles dorées d’un poisson volant ; haut dans le ciel passe un albatros aux blanches ailes ; rasant l’eau dans son vol agité, un pétrel se hâte vers les lointains rivages de l’Afrique ; parfois encore, on entend le bruit du jet d’eau lancé par une baleine ; puis, de nouveau, la solitude et le silence qu’aucune créature vivante ne vient troubler. Rien que le ciel et l’océan, l’océan et le ciel, tous deux paisibles, pleins de caresses et de sourires.
— Votre Honneur veut-il nous permettre de chanter quelques chansons ? vint demander le sous-officier de quart à l’officier de service qui se promenait lentement sur la passerelle.
D’un signe de tête, celui-ci accorda la permission demandée ; quelques instants après s’élevait du milieu de l’océan un air populaire de village au chant large et mélancolique.
Heureux de sentir la fraîcheur du soir venir remplacer l’accablante chaleur du jour, les matelots, après avoir rangé les canons de côté, se réunissent en foule sur l’avant pour entendre les chanteurs.