Entre l'avant et l'après, entre la fresque sociale et la chronique d'une
famille portugaise prise dans les temps modernes. Voilà un moment déjà
que José Saramago se plaît à peindre un monde en mouvement, sinon en
pleine mutation.
"La Caverne" clôt un triptyque inauguré par "L'Aveuglement" et poursuivi
par "Tous les noms," un triptyque où la verve poétique du prix Nobel
de littérature (en 1998) le dispute au roulis nostalgique d'un auteur
profondément attaché à ses racines, tirant la sonnette d'alarme, et
parfois à boulets rouges, sur un univers dépourvu de sens et de valeurs
et véritable miroir aux alouettes.
Ici, la figure nostalgique prend le visage de Cipriano Algor, âgé de
64 ans, créateur d'une vaisselle rustique en faïence, de petites
figurines : clowns, bouffons, esquimaux, mandarins, infirmières,
assyriens barbus… Un artisan, qui a donné sa vie à la terre cuite,
demeure à l'écart, au milieu des champs, avec sa fille et son gendre.
Point d'attache : le four de la poterie, ventre maternel d'où naît le
fruit d'un travail manuel poursuivi depuis trois générations. C'est là
une région "laide, sale", ne méritant pas un deuxième regard, partagée
entre une ceinture agricole recouverte de baraquements et une autre
industrielle, constituée de stations électriques, de réseaux de
canalisation, de raffineries de pétrole et de laboratoires chimiques…
La ville ronge les derniers lopins de terre. Les fraises ont perdu leur
couleur, "aussi blanches dehors qu'au dedans", avec un goût "de tout de
qui n'en a aucun". Bientôt, les villages alentour seront abandonnés
aux grues.
Description:
"La Caverne" clôt un triptyque inauguré par "L'Aveuglement" et poursuivi par "Tous les noms," un triptyque où la verve poétique du prix Nobel de littérature (en 1998) le dispute au roulis nostalgique d'un auteur profondément attaché à ses racines, tirant la sonnette d'alarme, et parfois à boulets rouges, sur un univers dépourvu de sens et de valeurs et véritable miroir aux alouettes.
Ici, la figure nostalgique prend le visage de Cipriano Algor, âgé de 64 ans, créateur d'une vaisselle rustique en faïence, de petites figurines : clowns, bouffons, esquimaux, mandarins, infirmières, assyriens barbus… Un artisan, qui a donné sa vie à la terre cuite, demeure à l'écart, au milieu des champs, avec sa fille et son gendre. Point d'attache : le four de la poterie, ventre maternel d'où naît le fruit d'un travail manuel poursuivi depuis trois générations. C'est là une région "laide, sale", ne méritant pas un deuxième regard, partagée entre une ceinture agricole recouverte de baraquements et une autre industrielle, constituée de stations électriques, de réseaux de canalisation, de raffineries de pétrole et de laboratoires chimiques… La ville ronge les derniers lopins de terre. Les fraises ont perdu leur couleur, "aussi blanches dehors qu'au dedans", avec un goût "de tout de qui n'en a aucun". Bientôt, les villages alentour seront abandonnés aux grues.