L'orphelin a été élevé par sa grand-mère près de Donibane Garrazi, que les "Johanno-charcutiers" - les Français de la République - appellent Saint-Jean-Pied-de-Port. Basque jusqu'au plus profond de son être, Gotzon n'existe qu'à travers sa langue. Chez Green, "un personnage prend corps avec sa langue et son souffle. Peu importe la couleur de ses yeux ou de ses cheveux, il est une intériorité". 

Les langues sont au centre de la vie de l'auteur. Né en "Barbarie" (il ne nomme jamais autrement les Etats-Unis), il dit avoir souffert pendant son enfance de "n'avoir aucune langue". Les Basques l'intéressent parce qu'ils ont une identité très forte liée à leur langue.

Gotzon "parle français comme un acte de résistance contre la dissolution des langues". Mais au lieu de verser dans le terrorisme, il organise un simulacre tragi-comique de la bataille de Roncevaux, en utilisant un troupeau de moutons affolés pour figurer les combattants. "Il arrive que les lecteurs me demandent s'ils ont le droit de rire : bien sûr !", martèle Eugène Green, fervent partisan de l'humour pour prendre du recul face aux sujets les plus graves.